Nourrir l’esprit et nourrir les ventres
Si le Tchad, pays parmi les plus pauvres
de la planète et avant-dernier à l’indice de développement humain (IDH) (187e
sur 189), présente des Universités et des Ecoles supérieures dans les grandes
villes de N’Djamena, Bongor, Sarh, Abéché, Mongo, Doba et Moundou, et si
l’éducation des enfants de 5 à 12 ans est théoriquement universelle,
obligatoire et gratuite, il est reconnu que 35 % des enfants de ces âges-là ne
vont pas à l’école et que seulement 22 % de ceux qui sont plus âgés de 15 ans
sont alphabétisés. Les filles seraient à 80 % analphabètes !
C’est dans ce contexte catastrophique qu’un jeune Tchadien, Modeste Noudjkouanbaye, originaire de Moundou ayant étudié à Rennes (Master des projets nationaux et internationaux des organisations) a créé en 2021 l’ONG LAPIA (siège à Moundou) pour entreprendre un projet très concret et très réaliste d’éducation primaire et d’accompagnement dans plusieurs villages de brousse de cette région sud du Logone occidental. Son ONG souhaite se consacrer non seulement au problème de scolarisation des enfants et à leur sous-alimentation mais aussi à celui de l’accès à l’eau potable, aux problèmes agricoles et aux soins de santé.
Lors de notre dernière mission, le samedi 7 octobre, nous nous sommes rendu sur le terrain visiter le village de Bekag (45 km au nord de Moundou) où Modeste vient d’installer une pompe que notre ONG l’AFTAP a financée à 70 % en mars 2023 (capacité jusqu’à 45 mètres de profondeur). Cette pompe va fournir de l’eau potable aux familles dans un rayon de 500 mètres et concerne environ 250 familles, c’est-à-dire environ 2500 personnes !! Actuellement au Tchad, un tiers de la population (essentiellement rurale) n’a pas accès à l’eau potable.
Sur les 9 villages où intervient LAPIA, c’est la troisième pompe installée.
Concernant l’alphabétisation des enfants de 5 à 12 ans, Modeste installe des écoles de brousse (voir la photo). Ici à Bekag, ce sont 2 classes de 30 élèves chacune, avec des parents bénévoles comme enseignants (beaucoup de mamans et quelques hommes ayant au moins le BEPC). Voyez la structure des classes ! La sous-scolarisation des enfants africains, en général, est incompatible avec le développement durable.
Et près des classes, il y a un jardin où on cultive des patates douces et autres légumes servant à nourrir les enfants. Une cuisine est en cours de construction (voir photo).
En 1990, à Addis-Abeba, Les Etats africains adoptaient une charte prévoyant de prendre les mesures nécessaires pour garantir la fourniture d’une alimentation et en eau de boisson saine en quantité suffisante … combien de discours identiques depuis, il y a loin de la coupe aux lèvres !! Combien de conférences, de publications, de proclamations sur le sujet ?
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